HISTORIQUE DE LA POLICE NATIONALE
La Police sous la colonisation
Selon le commissaire Hubert KHO :
Il n’est pas aisé de dire avec précision si dans la Haute-Volta de 1919 à 1932 il existe des services de police institutionnellement partant. on sait seulement que l’autorité coloniale avait mis sur pied dans les régions sahéliennes une force calquée sur un système qui existait en Afrique du Nord.
C’était des unités paramilitaires appelées « GOUM » et formées par des hommes appelés « GOUMIERS » recrutés exclusivement parmi les autochtones du pays. Ces goumiers étaient de vigoureux cavaliers tout de rouge vêtus et qui assuraient le maintien de l’ordre au sein des populations.
Ils partageaient le terrain avec les gardes cercles devenus par la suite les gardes républicains dont le rôle était essentiellement la surveillance des prisons et des détenus en corvée extérieure, la garde des bureaux et des résidences administratives. Eux se sont tristement illustrés sur les chantiers de construction des routes par les traitements barbares qu’ils faisaient subir aux populations utilisées sur ces chantiers, sous le régime du travail forcé.
Il est donc vraisemblable que la police ne fit son apparition dans le pays qu’après son fractionnel attelage à la colonie de la côte d’Ivoire, entre 1932 et 1947. C’est au cours de cette période, semble –t-il qu’intervient la création d’un premier commissariat dit urbain, dans les deux principales cités de la région, Ouagadougou et Bobo–Dioulasso, car c’est à ce moment qu’eut lieu le recrutement des premiers assistants originaires de sa nouvelle circonscription du Nord. Les éléments les plus reconnus de cette promotion initiale étaient M. PALENFO Djioulté et le regretté doyen Maurice ROUANBA.
La police après 1947
C’est par la loi du 04 septembre 1947 que la colonie fut reconstituée dans son intégralité territoriale d’antan. Ce fut sur la base du dispositif héritier de la Côte d’Ivoire et comprenant le corps des agents, que la « nouvelle » Haute - Volta entreprit d’organiser ses propres structures locales. Toutefois, avant la création du corps des assistants de police en 1949, il y avait déjà sur place trois éléments entièrement recrutés à Ouagadougou par la colonie du Niger voisin, et qui attendaient du jour au lendemain leur mise en route pour Niamey. Mais du faite qu’ils étaient d’authentiques voltaïques et se virent récupérés d’office et intégrés par la Haute – Volta dans le corps qu’elle venait elle- même de fonder. Ils avaient pour noms : Michel COMPAORE, Casimir OUEDOUDA et Alexis ROUAMBA.
En plus de ces trois jeunes cadres subalternes autochtones ravis au Niger vinrent s’ajouter huit (08) autres assistants, les tous premiers qu’elle recruta elle-même par le biais d’un concours organisé le 12 janvier 1950. Ces derniers prirent leur service entre le 21 et le 31 du même mois. Il s’agit en l’occurrence de :
- Lansina SIDIBE,
- Georges SEDOGO ;
- Hubert KHO ;
- David Dapougui KERE ;
- Marcel ONGUIERMA ;
- Ladji GUINDO ;
- Jean Baptiste KIENDREBEOGO ;
- Edmond Nantamou BICABA
Bien que Ouagadougou soit demeuré la capitale, c’est Bobo–Dioulasso qu’on préféra installer la direction territoriale de la sûreté, coiffée par le commissaire Sauveur CANALE. C’est lui qui jeta les bases de notre police en 1948.
C’est en 1949, plus précisément le 28 décembre que fut pris un arrêté local n°498/SU du 28/12/49 portant organisation de service de police du territoire de la Haute–Volta.
Ce texte constitue véritablement l’acte de naissance de la police de la Haute–Volta pré et post indépendance.
Le 1er Août 1958 fut pris un autre arrêté N°403 portant création des services dits police territoriale et instituant une direction de la police territoriale dont le siège était à Ouagadougou.
Ce n’est qu’en 1959 que fut pris le Décret N°132/VPI/CAB DU 13/05/59 portant création d’une direction des services de sécurité de la république de Haute –Volta. Ce texte évolue au rythme de l’histoire du pays et des changements souhaités. Mais,
« L’histoire n’est jamais passé à coté de la police sans la marquer de sa griffe et sans lui imprimer son sceau indélébile. »
Cette assertion d’un éminent professeur de renseignements généraux à l’école nationale Supérieur de Police de Saint Cyr au Mont d’Or (France 1986) peut aisément se vérifier auprès de la police burkinabé, et expliquer par voie de conséquence, la situation d’instabilité qui a caractérisé cette institution depuis la prise de ce décret, jusqu’à sa dernière et notable réorganisation en 1991, après le retour à une vie constitutionnelle normale.
A partir de 1960
1960 : avènement de la première république
1960 : création des CRS par décret N°407/PRES/DSS du 17 octobre 1960 portant Création de la compagnie Républicaine de Sécurité.
1960 : adoption du décret N°549/PRES/T/FP du 31/12/60 portant statut particuliers des corps du personnel du cadre des fonctionnaires des services de sécurité
1961 : départ du premier directeur français de la police nationale , le Commissaire divisionnaire LEFUEL et nomination du premier policier voltaïque à ce poste , en l’occurrence M Michel COMPAORE, officier de police adjoint ;
1960-1961 : mise en place des premiers commissariats de district de Ouahigouya, Koudougou, Fada, Tenkodogo, Pô, Kaya,Dori, puis Banfora, Gaoua et Nouna..
1961 : adhésion à Copenhague de la Haute-Volta à l’OIPC- Interpol
1964 : adjonction d’un corps d’officiers de paix par décret N°184/PRES/T/FP/SE du 18/04/64.
1965 : premier recrutement d’agents CRS
1965 : création des postes de polices de Pô et de Niangologo
1966 : premier régime d’exception
1967 : création du poste de police de Niangologo (pour gérer le mouvement de refoulement de voltaïques en Conte d’Ivoire)
1969 : création d’une police spéciale des chemins de fer au sein de la direction des services des sécurité par décret N°69/107/PRES/IS/DSS du 12/06/69
1970 : création et organisation de l’ENP et du Camp CRS par décret N°70/075/PRES/du 06/05/70
1971 : installation de l’ENP et du Camp CRS dans le site de Gounghin
1972 : organisation de la Direction Générale de la Sûreté Nationale par arrêté N°408/IS/DGSN/ du 05/12/72
1973 : création de la direction générale de la sûreté nationale par décret N°73-195/pm/FP-T/IS du 23/08/73
1970 : deuxième république
1974 : deuxième régime d’exception (renouveau national) ;
1976 : création d’un corps d’assistantes de police par décret N°766183/PRES/FPT/IS/DGSN
1978 : troisième république ;
1980 : Troisième régime d’exception ( CMRPN) ;
1980 : création de la Direction Générale de la Police Nationale
1982 : quatrième république d’exception (CSP 1) ;
1983 : cinquième république d’exception (CSP 2) ;
1983 : sixième régime d’exception (avènement du CNR) ;
1984 : organisation du Ministère de l’Administration territoriale et de la sécurité consacrant le changement d’appellation de la Direction Générale de la Police Nationale en Direction Générale de la Sécurité Publique ;
1984 : Suppression de la CRS
1984 : renversement des effectifs de la Garde Générale de la Police Nationale et réorganisation des services au lendemain du 15 octobre 1987 (Rectification de la Révolution) ;
1987 : création de la FMATS
1987 : septième régime d’exception (évènement du front populaire) ;
1991 : création de 11 régions de police ; Création de la DCIR ;
1991 : retour à une vie constitutionnelle normale (4ème république) ;
1999 : nomination d’un ministère délégué auprès du Ministre de l’Administration territoriale et de la sécurité, chargé de la sécurité ;
2000 : création du Ministère de la Sécurité ;
2003 : création de deux autres directions régionales ;
2006 : adoption de textes divers sur les tenues, les gardes et appellations, le RDG et le TOES ;
2008 : réorganisations de la DGPN avec : rattachement du BCN Interpol au cabinet du DGPN ; création d’une division des sports, des arts et de la culture ;
2008 : Organisation des premières journées de la Police Nationale.
La conséquence de ce perpétuel recommencement après chaque changement de régime ou de recomposition du gouvernement est, comme le dit si bien le dicton « pierre qui roule n’amasse pas de mousse »
- Le sentiment d’absence d’identité ;
- Le sentiment d’absence de cohésion entre ses membres ;
- Le sentiment d’être toujours classé à jouer les derniers rôles dans l’exécution même de ses missions régaliennes ;
- Le sentiment d’être à la traîné par rapport à l’évolution, en matière d’effectifs, d’infrastructures de logiciels et d’équipement pour la protection des personnes et des biens.
Initialement toujours rattachée au Ministère chargé de l’intérieur, cette direction est allée former, avec les autres corps militaire, le Ministère de la défense populaire et de la sécurité, sous le régime du front populaire en 1987, pour être à nouveau rattachée implicitement au Ministère de l’Administration Territoriale depuis l’avènement de l’Etat de droit en 1991
Avec la création en 2000 du Ministère de la sécurité, la police Nationale à été détachée du Ministère en charge de l’intérieur pour constituer la direction principale de l’application de la politique de sécurité du pays au nouveau ministère.
LES MISSIONS DE LA POLICE NATIONALE
Initialement conçue par le colonisateur pour assurer le bon ordre, la Police Nationale a aujourd’hui pour mission :
- de veiller à l’application des mesures relatives au maintien de l’ordre et de la paix publics ;
- d’assurer l’exécution des mesures relatives à la sûreté de l’Etat et des Institutions ;
- d’assurer l’exécution des mesures relatives à la sécurité des personnes et des biens ;
- d’organiser sur toute l’étende du territoire national, la collecte du renseignement destiné au gouvernement dans les domaines politiques, économiques, social et culturel ;
- d’assurer les rapports avec les polices des autres pays
Ces missions, elle en partage certaines avec d’autres services de sécurité notamment l’Armée nationale et les polices municipales
Mot du Directeur Général
Le Conseil des Ministres en sa séance du 26 avril 2017 m’a nommé au poste de Directeur Général de la Police Nationale. Je suis conscient de l’immensité de la tâche surtout dans un contexte marqué d’une part, par la montée du terrorisme et de l’extrémisme violent et d’autre part, la soif de bonne gouvernance des populations et de leurs attentes fortes et pressantes en matière de sécurité.
Ma nomination au poste de Directeur Général de la Police Nationale intervient dans un contexte où des voix discordantes se font entendre au sein de l’institution policière et au moment même où le pays tout entier fait face à cet ennemi commun qu’est le terrorisme. Je puis vous affirmer que je mesure la lourdeur de la charge, la délicatesse de la mission, mais surtout, je puis vous déclarer que je suis prêt à l’assumer tout en comptant sur le soutien sans faille de la famille policière.
J’inscris mon mandat sous le signe de l’Union, l’Union de tous les policiers, l’Union de toute la famille policière afin qu’ensemble, et avec toutes les autres Forces de Défense et de Sécurité (FDS), et avec la population, nous puissions travailler à obtenir des résultats plus probants dans la lutte contre le phénomène criminel. La conjugaison des efforts nous permettra non seulement de faire face à toutes les menaces et défis sécuritaires mais aussi et surtout d’assurer la quiétude et un véritable climat de paix au Burkina Faso. Je reconnais vos talents, vos grandes compétences, votre professionnalisme, et je sais que je peux compter sur vous en toute confiance et à tout moment.
La tâche ne sera pas facile, mais avec le soutien du Gouvernement, de Monsieur le Ministre d’Etat, Ministre de la sécurité, en plus de votre détermination, votre engagement, et avec la bénédiction de Dieu, nous pourrons apporter notre pierre à la construction d’une Police nationale plus unie, plus forte, plus sure, et plus rassurante.
Enfin, à tous les policiers du Burkina Faso, je voudrais lancer un vibrant appel à la Cohésion, à l’Entente, à l’Union d’ensemble entre nous-mêmes, avec les autres Forces de Défense et de sécurité, avec la population à la base.
Vive la Police Nationale !!!
Dieu bénisse le Burkina Faso !!!
Jean Bosco KIENOU, Contrôleur Général de Police
Directeur Général de la Police Nationale
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